Stand Up For Myself

 
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‘‘Je rêve d’accoucher d’un roman, pas d’un enfant.”

Collage littéraire autour de la maternité, la féminité, les barbecues familiaux, l’indépendance et la profession de cosmonaute. On va assumer d’être aussi à l’aise avec un enfant qu’avec un renard, se défendre comme une lionne, danser son blues sur la table de la cuisine et partir sur sa route avec Jolly Jumper. Entre autres.

Promenade de 5 pages, 13 minutes, 3012 mots

Mon ventre ne s’est pas manifesté pour me commander un bébé et j’ai parfois le sentiment de ne pas avoir été conçue pour porter et mettre au monde ce genre de vie-là. Je rêve d’accoucher d’un roman, pas d’un enfant.

Je n’aime pas les enfants. Ce n’est pas une question d’amour en vérité, j’aime et respecte absolument tous les êtres vivants, mais je me sens beaucoup plus attirée par les plantes par exemple que ces petits êtres humains tout juste sortis du four. Une ride m’émeut plus qu’une peau toute neuve. L’expérience me fascine plus que l’apprentissage. J’ai plus envie d’écouter la résilience que la version originale. Je me sens démunie face à un enfant même si j’admets que le concept est rigolo. J’aime profondément leur joie pure, leur liberté et leur énergie qui sent le matin, mais je n’ai jamais ressenti d’écho dans mon ventre à leur contact. Il ne s’est tout simplement rien passé dans mon intérieur, je n’ai pas été « appelé » par une foi divine ou un élan maternel. Mon ventre ne s’est pas manifesté pour me commander un bébé et j’ai parfois le sentiment de ne pas avoir été conçue pour porter et mettre au monde ce genre de vie-là.
Je rêve d’accoucher d’un roman, pas d’un enfant.

La maison et le foyer m’ennuyaient. Je voulais m’échapper du dedans dans lequel je me sentais aussi à l’étroit que dans une boîte à chaussures et aspirais au dehors, pourvu qu’il soit très loin et très grand.

La maternité ne m’intéresse pas, c’est comme ça. Il y a des femmes qui rêvent depuis leur enfance de robe blanche et de couffin, moi je rêvais d’autre chose. Ma pensée ne m’emmenait pas dans les lieux communs de la féminité, elle n’était intéressée que par une seule chose : l’indépendance. Enfant, j’étais fascinée par la liberté scandaleuse de figures féminines que j’admirais. Je voulais l’intelligence de Dana Scully, le courage et le talent de Jo March, combattre les méchants comme Fantômette, la fougue et l’impertinence d’Idgie Threadgoode. Je soupirais devant le sex-appeal de Jessica Rabbit et je rêvais de m’habiller avec des pantalons taille haute et des bretelles. Je me suis promise de m’emmener faire le tour du monde, de résoudre une fois un meurtre énigmatique dans la haute société anglaise, de gagner un prix littéraire, de devenir rédacteur en chef d’un magazine, d’écrire des torrents de pages qui changeraient le monde en le faisant rire… La maison et le foyer m’ennuyaient. Je voulais m’échapper du dedans dans lequel je me sentais aussi à l’étroit que dans une boîte à chaussures et aspirais au dehors, pourvu qu’il soit très loin et très grand.

Sur la question de l’amour, j’étais empêtrée dans les désirs traditionnels et en étais à la fois complètement affranchie. Je voulais tout, avoir milles amants et vivre de grandes histoires d’amour monogames, être une femme fatale et la femme d’un seul homme. Avec le temps, j’ai apporté un peu de modernité à mes idées. Si j’avais un enfant, j’allais travailler et mon partenaire restait à la maison. Si j’acceptais de me marier, pour des raisons fiscales, je refusais l’alliance, la robe et la fête. J’y allais en salopette avec nos deux témoins et boum on les emmenait boire du champagne dans une bonne pizzeria.
J’étais très angoissée par les comédies romantiques. « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » me donnait beaucoup de sueurs froides. Cette conclusion n’était pas une promesse de bonheur, j’y voyais la mort. Et après il se passe quoi ? Après le fondu au noir, il n’y avait plus rien. Plus de désirs, plus d’aventures, plus de rêves, plus de place pour rien d’autre que l’abandon de soi.

À maintenant 35 ans, je cumule les handicaps. Sans enfants ni mari. Sujette aux coups de la foudre. Plus tournée vers le Roller Coaster et l’aventure que la sécurité et la stabilité. Indépendante. Rêveuse. Pour résumer, inconsistante et pas très sérieuse. Avant mes 30 ans, je pouvais encore paraître très amusante, aujourd’hui je me sens gênante.

À maintenant 35 ans, je cumule les handicaps. Sans enfants et pas mariée. Sujette aux coups de la foudre. Plus tournée vers le Roller Coaster et l’aventure que la sécurité et la stabilité. Indépendante. Rêveuse. Pour résumer, inconsistante et pas très sérieuse. Avant mes 30 ans, je pouvais encore paraître très amusante, aujourd’hui je me sens gênante. Plus j’avance dans la vie, et plus il devient difficile d’avoir une conversation bienveillante avec une femme qui a enfanté. Pas toutes évidement, mais beaucoup trop pour que cette tendance ne soit qu’un mauvais hasard.

Jusqu’ici je n’avais qu’une sensation vague et silencieuse pour décrire mon malaise de plus en plus fréquent à me retrouver au milieu de mères. C’est une maman de deux enfants qui m’a donné les mots qu’il me manquait pour raconter le fossé qu’il existait entre elles et moi.
J’ai voulu un jour partager mon état du moment avec elle. J’étais au bout du rouleau, éreintée par mes voyages, mon travail et des histoires d’amour rocambolesques. Ma vie était drôle et rock’n’roll, je ne m’en plaignais pas, j’étais simplement arrivée à un niveau de fatigue physique et émotionnelle alarmant. Mon corps ne répondait plus et m’abandonnait. J’avais trop tiré sur la corde et j’avais besoin de réconfort.
Sa réaction a été violente et sans équivoque. Elle était comme moi, dans un mauvais jour et un état de vulnérabilité insupportable. Elle est peut-être la seule de mon entourage à avoir exprimer clairement ce sentiment sourd et latent que je ressentais chez beaucoup de mères.
« Je ne peux pas entendre ta fatigue. Je ne peux rien entendre en fait. J’ai deux enfants, je suis épuisée, je galère. Tu n’as absolument aucune idée de ce qu’est la fatigue ».

Au contact de ces mères surpuissantes, je ne ressens souvent que honte et culpabilité. Je me sens vidée et dépossédée de moi-même. Alors quand la honte me remplit le cœur, je me tais et je me cache. Je m’éteins. Je tais mes coups durs, ma fatigue, mes petits tracas, les soucis, les vraies difficultés. Les joies aussi. Les mères surpuissantes n’apprécient pas non plus le plaisir des autres, elles qui en sont privées.

Elle était fatiguée, je l’étais aussi. Mais sa réflexion avait giflé ma fatigue. Elle n’était pas reconnue donc elle ne valait rien. C’était comme si le courage, la fatigue, l’engagement, la douleur, et les problèmes n’étaient réservés qu’aux mères. Comme si je ne savais rien de tout ça et ne pourrais jamais le savoir. Comme si j’avais raté le plus important et étais passée à côté de ma vie et du rôle qui était le mien. Comme si je ne pouvais rien savoir de l’amour et de l’amour inconditionnel. Comme si une femme ne pouvait se réaliser que dans la maternité. Comme si ma vie ne comptait pas finalement et n’avait aucune valeur.
La mère est divine, surpuissante, magique. La femme sans enfants n’est même pas une femme. Elle est une sous-espèce de femme, une femme ratée, une femme à moitié, une femme qui ne sait rien, qui a trahi sa sororité.
Au contact de ces mères surpuissantes, je ne ressens souvent que honte et culpabilité. Je me sens vidée et dépossédée de moi-même. Alors quand la honte me remplit le cœur, je me tais et je me cache. Je m’éteins. Je tais mes coups durs, ma fatigue, mes petits tracas, les soucis, les vraies difficultés. Les joies aussi. Les mères surpuissantes n’apprécient pas non plus le plaisir des autres, elles qui en sont privées.

Les réunions familiales ont commencé à être parfois pesantes aussi. La femme célibataire et sans enfant passe après tout le reste. En premier, on demande des nouvelles des enfants. Et l’école tout va bien ? On échange sur les problèmes de gardes, les nouveaux mots des bébés, les dernières histoires, les prochaines vacances… Ensuite, on demande les nouvelles des parents. On passe par le travail, la construction de la maison, l’organisation, la vie familiale, peut-être la nouvelle voiture, le jardin. En dernier, et s’il reste un peu de place, on se tourne vers les célibataires. La première question sera bien trop souvent : « Alors et les amours ? ».

Je ne sais souvent plus quoi raconter. J’ai un temps perdu confiance dans ma valeur, ce qu’il m’arrivait et de ce que je faisais de ma vie. Raconter quoi ? Mes enquêtes, mes promenades, mes épiphanies, mes chasses à la beauté ? Mes heures de flânerie à chercher le sens et la nature des mots dans le dictionnaire, à réfléchir à la disparition du point dans les messages, à décider ou non si j’allais inclure les smileys dans mes conversations, à griffonner des idées sur des post-its ? Mes heures à contempler, à regarder le ciel, chercher des formes dans les nuages ? Mes journées à rater des textes et emmêler les mots pour pondre une bonne fournée sur dix ?

Quand ma nièce de cinq ans trouve un coquillage, on trouve cela charmant et on l’encourage à en chercher d’autres. Lorsque c’est moi, disons que ça commence à devenir triste, on m’encourage plus à aller chercher un mari. J’ai perdu confiance ces derniers temps. Eux ils construisaient des maisons avec des briques, de la terre, du bois, ils investissaient leur temps dans de la matière, des choses tangibles. Moi je me sentais bête. Ce n’était pas très sérieux tout ça. Je ne faisais rien de concret et je perdais du temps, je construisais des textes avec des idées et des mots, je passais des heures à savourer le mouvement sur mon tapis de yoga, à tomber amoureuse, à me passionner pour des choses qui ne me chaufferont pas les durs soirs d’hiver et ne m’assureront pas une retraite.

Plus j’avance et plus le doute se fait brûlant, la question du sens de la vie m’échappe et je le sens réquisitionné et séquestré par les Mères. Il ne résiderait que dans la réalisation du rôle défini par mon genre. Qu’est-ce que ça veut dire ? Que je n’ai pas d’autres choix ou d’autres attentes que de procréer ? Que ma vie n’a de valeur que si je me conforme à ce rôle-là ?

C’est devenu souvent pesant d’être l’outsider. Parfois je me décourage, j’ai envie de baisser les bras, j’ai envie d’abdiquer et de renoncer à ma vie, rentrer dans leur club d’heureux parents et avoir la carte de fidélité du Jardiland. Parfois, je me dis que ce serait plus facile si j’avais un mari comptable et deux enfants avec des prénoms comme Julien et Anaïs. J’aurais pleins de trucs intéressants à raconter aux barbecues familiaux et je me sentirais plus respectée.
Mais je ne peux pas non plus me plier et me tordre. Je ne veux pas être une éducatrice, une épouse, une gardienne. Je refuse de me limiter à ça et je veux être plus que ça. Je veux tout.
Mais si je ne suis pas une mère, je suis quoi ?

Je n’ai qu’une manière de le dire et celle-ci peut de prime abord paraître choquante : l’autre ne m’intéresse pas. Le soin, le dévouement, l’abnégation pour un autre être humain n’a jamais fait partie de mes aspirations, ni de mes compétences. Mon esprit se tourne plutôt vers l’inspiration et l’éveil. Je me rêvais amazone, chasseuse de papillon, trapéziste, exploratrice, poète, chef d’orchestre… et non infirmière, mère, assistante…

Je n’ai qu’une manière de le dire et celle-ci peut de prime abord paraître choquante : l’autre ne m’intéresse pas. Le soin, le dévouement, l’abnégation pour un autre être humain n’a jamais fait partie de mes aspirations, ni de mes compétences. Mon esprit se tourne plutôt vers l’inspiration et l’éveil. Je me rêvais amazone, chasseuse de papillon, trapéziste, exploratrice, poète, chef d’orchestre… et non infirmière, mère, assistante…
L’autre est un trop petit projet pour ma constitution de rêveuse qui a besoin de sujets plus spacieux comme la nature humaine, les sentiments, les émotions, la créativité, les idées…
L’Autre demande un investissement que je ne peux pas lui donner. Ma nature est délicate et nécessite un soin particulier. Elle a besoin d’espace et de temps, doit être entretenue avec de longs moments de contemplation et de repos, elle supporte difficilement le bruit et une agitation trop prolongée. Mon esprit est volatile et vaporeux, tellement léger qu’il peut s’affoler et être emporté par une bourrasque. Il est donc vital de le retirer du monde régulièrement, il a besoin d’infuser et de se régénérer dans la solitude, ne pas le faire pourrait l’étouffer et l’éteindre, le tuer de surmenage et de sur-stimulation.

Alors l’Autre dans tout ça ? L’Autre, je veux lui transpercer le cœur et le nourrir d’inspiration, lui souffler dessus de la beauté, l’allumer de désir. Je veux le faire sourire, je veux le faire rire, je veux le faire jouir, je veux l’émouvoir, l’émerveiller, le réveiller. Je veux lui chanter les mots qu’il cherchait, le réchauffer avec mon feu, lui prendre la main et l’emmener dans mes promenades créatives.
L’Autre, je veux le faire rêver, pas m’occuper de lui.

Je n’ai de toutes façons pas été conçue pour une vie d’intérieur. Le seul intérieur que je supporte et dont j’ai besoin c’est le mien. Je suis faite comme ça et je n’ai pas à en avoir honte. J’ai besoin d’infini et d’absolu, de pouvoir voyager entre tous les mondes et d’être disponible à toutes les possibilités. Je suis une cosmonaute, j’ai besoin de temps pour atterrir sur Terre et ma maison c’est l’espace.
Je suis aussi à l’aise avec un enfant qu’avec un renard et j’aime ma vie telle qu’elle est mais je ne ferme plus la porte au nez de la maternité. Peut-être. Un jour. Je veux continuer de croire que tout est possible et de vivre les fenêtres grandes ouvertes. Et qui sait ? Peut-être que je trouverai de l’absolu et de l’infini dans un projet aussi terrien qu’un enfant.

Mais je me définis par ce que je suis et non par ce que je ne suis pas. J’ai peur tout le temps mais j’y vais quand même, je me décourage vite et me bats comme un gladiateur, je suis une sauvage, une lionne, un chaton.

Je n’ai pas d’enfants, je ne suis pas mariée ni engagée, je n’ai pas la carte de fidélité de Jardiland. Je ne suis pas une mère. C’est vrai. Mais je me définis par ce que je suis et non par ce que je ne suis pas. Je suis une amie, une sœur, une créatrice, une danseuse, je suis tendre, joyeuse, folle, créative. Je suis courageuse, fragile, indépendante, forte, insolente, silencieuse, terrifiée, délicate. J’aime les jolies choses, le confort, la promenade. J’ai peur tout le temps mais j’y vais quand même, je me décourage vite et me bats comme un gladiateur, je suis une sauvage, une lionne, un chaton. Je suis pathétique et géniale, perdue, exactement à ma place, en mouvement. Je suis plus que les étiquettes qu’on me colle sur le front et les préjugés qu’on me tatoue à vie sur le cul. Je suis plus qu’une femme de 35 ans qui n’a pas d’enfants et une vie amoureuse instable.

Ma vie a de la valeur. Mes déboires amoureux ne sont pas des échecs navrants à se raconter en chuchotant dans la cuisine avec un air entendu. Mes coups de foudre pour absolument tout et n’importe quoi ne sont pas des emballements disproportionnés de mon cœur émotif. Mes histoires d’amour ne sont pas des illusions. Mes illusions ne sont pas les preuves irréfutables de ma prétendue naïveté. Mes échecs ne sont pas des erreurs. Mes chagrins ne sont pas bêtes, ni petits. Mes promenades et mes enquêtes ne sont pas futiles. Mon besoin d’espace et de temps n’est pas de l’égoïsme.

Je suis un être humain. Je suis une femme. Je suis réelle. Mes émotions sont réelles. Mes histoires sont réelles. Mes chagrins, ma fatigue, mes joies, mes peurs, mes désespoirs, ma foi, mes essais, mes enquêtes, mes conquêtes, mes errances… Tout est réel. Ma vie a pris un chemin de traverse mais il n’empêche pas moins qu’elle est réelle.
Elle a sa dignité qui lui est propre, elle est unique et elle a de la valeur telle qu’elle est. Pas plus pas moins, elle a de la valeur parce qu’elle existe.

J’aime tous les noms des hommes que j’ai tatoué sur mon cul, toutes mes expériences, les ratées et les réussies, tous mes coups de mous, tous mes voyages, qu’ils aient été en RER ou en montgolfière, toutes les journées où mes cheveux ont été moches et gras, tous mes coups de soleil, toutes mes chutes de cheval, tous mes emplois ingrats, tous mes amis décevants et les flamboyants, toutes mes idées jetées à la poubelle, mes accouchements créatifs, les difficiles, et les réussis en deux grandes poussées, mes journées de rien et mes nuits d’angoisse parce que j’ai mal quelque part au ventre et que je crois que j’ai attrapé un cancer, j’aime toutes mes pleurnicheries dans le bus, mes nuits d’ivresse, mes triomphes de petits riens et mes fantastiques victoires… J’aime tout de ma vie. Parce que c’est la mienne et que je n’ai qu’elle.

Quitte à n’avoir aucune valeur et une vie indigne autant être sexy et insolente. Je l’appelais mon fantasme « Stand Up for Myself ». Il ne servait à rien mais si ça pouvait agacer tout le monde…

J’avais pour habitude les matins d’abattement de fumer trente-cinq cigarettes de frustration avec mon café en ruminant des pensées revanchardes. Je dansais en pyjama-culotte sur la table de la cuisine familiale, la clope au bec. J’ondulais mon beau cul musclé, mon ventre plat, mon corps vierge de toutes grossesses et césariennes, sur un rythme de défi et de provocation. Je leur soufflais dessus ma fumée de cigarette et jetais ma cendre à moitié par terre et l’autre moitié dans la théière de mémé. À travers ma chaloupe orageuse et ma transe vaudou, je cranais et fanfaronnais mon blues, ma fougue, ma liberté, j’expiais ma honte et ma culpabilité. Quitte à n’avoir aucune valeur et une vie indigne autant être sexy et insolente. Je l’appelais mon fantasme « Stand Up for Myself ». Il ne servait à rien mais si ça pouvait agacer tout le monde…

Et puis, quelque chose a changé. Je ne sais pas comment c’est arrivé à vrai dire, si c’est parce que j’avais arrêté de fumer le tabac industriel, mon fantasme triomphale et pathétique devenait vachement moins sexy avec une cigarette électronique, ou parce que mon cul devenait de moins en moins insolent avec l’âge, ou peut-être les premières pousses de la sagesse… mais mon fantasme « Stand Up for Myself » a évolué.
Je repars sur la route, au soleil couchant avec un air d’harmonica pour accompagner le rythme chaloupé de mon Jolly Jumper. Je me sens heureuse sur ma ballade folk, je danse dans les arbres, avec mon cheval, mon feu la nuit. Je m’arrête devant une immense prairie de l’Ouest. Je pose mon baluchon rempli de dictionnaires, de mon tapis de yoga et de mes chaussures de tango argentin. Je prends une grande inspiration, parce que c’est trop bon, et aussi parce que je suis satisfaite. Et je m’assoie devant une jolie carte postale sur ma table de camping pliante.

Ce fantasme ne sert à rien non plus, mais je préfère avoir une ballade folk et une jolie carte postale dans le cœur qu’un slip provocant et une rancune amère. Finalement, je n’ai pas besoin de me définir comme scandaleuse par esprit de contradiction, je peux juste être libre.

Chers tous, Ici il fait très beau et tout se passe bien. La semaine prochaine, je vais peut-être quitter le grand Ouest et me diriger vers Jupiter. Sinon Jolly Jumper est très sage et je n’ai pas attrapé d’ampoules aux pieds. Vous me manquez beaucoup et j’ai hâte de vous retrouver au prochain barbecue. Je vous ai ramassé des châtaignes et un fromage hollandais. Je vous envoie mes meilleurs baisers, À très vite, Sarah.
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